Aussitôt le coin Cuisine terminé, j'étais pressé de m'atteler au fameux Carré.

La cloison entre l'épontille et la soute avait disparu pour être remplacée par une arche afin de soutenir le pont.

Déjà que la partie avant d'un Mangareva ne laisse qu'une hauteur sous barrot de 1.70m, celle ci nous obligera à bien baisser la tête pour prendre place sur les assises. Mais bon, dès le début, je savais qu'il faudrait faire pas mal de concessions sur un voilier de 1975 !

Là aussi, Espalmador ne me laissera pas beaucoup de choix niveau du placement du carré à cause des cloisons.

La pièce qui va disparaître est une cabine 'double' à lits superposés.

Pour l'anecdote sans photos : le fait d'avoir installé la cuisine à bâbord, j'avais apporté une grande rigidité qu'il fallait forcément compensé à l'opposé. Sinon en cas de mer très agitée, les parties les plus faibles seraient davantage sollicitées. Je savais bien que les malheureux coussins ne suffiraient pas à combler le manque de rigidité, c'est pourquoi, dans la première couche de fibre de la coque, j'ai entrepris la découpe de 2 bandes horizontales de 15 cm, espacées d'un mètre. Puis 2 autres sont venues se placer à la verticale, telle une grille du jeu du morpion. Comme je venais de vider la mousse PVC de la couche intérieur, j'ai comblé par une épaisseur de fibres d'environ 1,5 cm.

{En plus, en 6ème , j'étais super fort au jeu du morpion. Du coup mon prof avait raison de dire "qu'il fallait être attentif à ses cours de maths, qu'un jour, ça me servirait.. " Il n'avait pas tort.. ! }

     Le rideau qui séparait la soute du nouveau carré a été remplacé par une porte sur mesure.

Puisque j'y étais, autant réaliser un renfort autour d'un futur hublot que je souhaitais créer dans la coque : je voulais éviter de me sentir enfermé et aussi avoir un œil vers l'extérieur pendant les mouillages dans les plus belles criques - et pourquoi pas aussi voir les 'bubulles' dans l'eau pendant les gîtes prononcées à tribord - ...

Au départ, les coussins seront réalisés par une amie, en Alcantara couleur 'jaune/or'. Avec le recul, mauvais choix lorsqu'on y vit et y mange tous les jours. Aujourd'hui et 5 ans après, marre de tout laver tout le temps, je décide de changer pour du lavable et 'pratique'. J'ai tout refais en simili nautique (Silvertex). C'est très confortable et facile à nettoyer. La colloc' a bien bossé, en retard, mais bien..

Quitte à tout refaire, nous avons mis de super coussins en suédine marron chocolat, histoire de casser la couleur assez froide du Silvertex crème. J'ai même ajouté une touche de "m'as-tu-vu" en inscrivant le nom du bateau sur les assises !

Il y a 5 ans

depuis novembre 2012

Et les coussins, pour le fun..

Pour le confort : un moniteur 19" Lcd, sur bras articulé. Il servira pour la lecture de film lorsqu'il est orienté vers les assises, et logiciel de navigation lorsqu'il est orienté vers la table a carte. Celui ci est branché sur un pc que j'ai monté moi même (détaillé dans un prochain post). 

Etant musicien, j'ai envie d'un "bon" son ! Alors j'installe un kit 5.1 intégré dans les équipets. Et un caisson de basse sous une des assises. Le tout branché sur pc, bien évidement.

Pour tenter d'utiliser au mieux le coin carré, j'ai adapté certains éléments : la table est sur un pied central télescopique ; on peut régler sa hauteur jusqu'au niveau des assisses et le carré devient un petit lit 1 place. Elle est réalisée en Sipo (bois exotique). J'ai aussi ajouté un banc de 2 petites places, en face, sur glissières au sol et qui se loge sous la table.

Sous les assises {carré et banc} on y retrouve les habituels rangements. Un cajon ("J" espagnol, prononcez RR..) prendra place en bout de table en guise de tabouret/déco.

Le plancher : pour faire comme les classiques quand on a de petits moyens, j'ai découpé sur mesure, différentes pièces, que j'ai rainuré à la règle grâce à la défonceuse.

Au passage, j'ai dû rajouter des varangues pour les appuis du plancher,  ce qui rigidifia aussi la coque.

Là aussi, très vite on s'aperçoit de l'erreur au premier coup de balai  : toutes les petites saloperies s'y logent.

La solution pour ma part, remplir les rainures au mastique joint polyuréthane et le poncer avant les 4 couches habituelles de vernis.

Au final, 4 ans après.. : l'Okoumé est un bois assez tendre qui n'aime que les pieds nus et pas les griffes de mon chien.. les travaux n'aidant pas, je pense très prochainement le recouvrir d'un formica imitation teck à joints blancs (photos à suivre car travaux pas encore effectués) 

 (janvier 2008 a septembre, novembre pour les assises "haut de gamme" 2012)

Une fois le plan général du bateau décidé, je pouvais enfin imaginer une marche à suivre sur l'organisation et le déroulement des travaux.

Mais par quoi j'allais continuer ?

En effet, le fait d'habiter dans son chantier n'arrange rien ! Je dois donc faire en sorte de ne pas supprimer les endroits nécessaires à la vie de tous les jours, en même temps.

Je décide de faire le nouveau coin cuisine et le carré, ce qui donnera ça..

J'ai pris l'habitude de dessiner chaque nouvelle partie avant d'entamer les travaux. Je me représente ainsi un peu mieux les choses. Une méthode consiste à tendre de la ficelle avec des punaises pour matérialiser le futur agencement  : ceci afin d'éviter les erreur s d'utilisation des volumes. Et pi en plus je sais dessiner alors je me prive pas !

Avant les travaux, la cuisine était dans la coursive : c'est un endroit étroit et ça me dérange qu'il serve d'unique passage pour aller de l'avant à l'arrière.

L'idée est de placer la partie principale de la cuisine (évier et gazinière) au centre du bateau et le reste, dans le prolongement vers l'avant jusqu'à la porte de la soute.

Je reconnais aujourd'hui, avec un peu plus d'expérience en navigation, qu'il ne faut pas négliger l'importance de l'emplacement du coin cuisine : à savoir qu'il est préférable de le placer vers le maitre baut, là où se trouve la meilleure stabilité du bateau. Sans quoi, passé force 3 on ne mangerait que des sandwichs !

Les deux pièces qui vont disparaître seront les cabines de coursives, avec leurs lits superposés.

Pour le moment, je me contenterai de vivre à l'arrière du bateau : il me reste toujours une grande cabine qui débouche sur un carré postérieur ainsi que l'ancienne cuisine de la coursive.

Lorsqu'on casse l'intérieur d'un bateau en fibres, ça devient assez impressionnant. Je passais mon temps à donner des gros coups de talon dans la coque pour faire trembler le bateau en me disant: "ça traverse des tempêtes ça ??"

On doute très vite de la solidité, je ne vous dis pas le nombre d'heures où j'ai psychoté.. 

D'après un voisin, c'est encore plus impressionnant dans un avion de ligne vide, donc pas de raisons de m'en faire ! au boulot..

J'ai pris l'habitude de coller les panneaux de cloison et d'aménagement, à la colle polyuréthane PU40+ (proche de celle qu'on utilise pour coller les pare brise de voiture) et de faire des équerres en fibre polyester de chaque coté, afin que l'ensemble contribue à la rigidité de la coque.

Le plus contraignant dans cette partie était de garder la cloison 'porteuse' (support de cadène) des deux anciennes cabines. J'ai fais au mieux pour les intégrer dans le 'décor'.

Comme je voulais un espace ouvert pour le carré et le coin cuisine, j'ai découpé les cloisons en demi lune et en symétrie à l'épontille. C'est légèrement inspiré des intérieurs Thaïlandais et j'aime beaucoup.

  L'une des grosses différences entre un bateau de série et un bateau habitable à l'année est l'isolation. Sans elle, avec la différence de température int./ext., coque et pont se mettent à ruisseler et le moisi apparaît très vite. Chose dont on ne se plaint jamais dans un bateau à coque métallique, puisqu'il est forcément très bien isolé.

Une fois l'isolation appliquée, vient la corvée des fonds de placard, en contre plaqué résiné deux faces. Ils sont repeints en teinte claire.

Pour ça j'ai pris de la peinture pour sol de garage blanche avec un peu de teinte pour arriver à une couleur "vanille". C'est une bonne solution pour avoir des fonds d'équipets très résistants aux incessants frottement des casseroles ou boites de conserve. Cela tient longtemps, c'est facile à nettoyer et on y voit clair.

Pour les devantures, j'ai utilisé des panneaux de contreplaqué marin : après ces nombreuses heures de travail, on n'a pas envie de voir les portes se voiler au bout de 2 ans !

Les bois ont été teintés avec une teinte rouge pour bois, plus 4 couches de vitrificateur polyuréthane mono composant haut passage, que j'ai appliqué au rouleau "patte de lapin".

J'ai stratifié la table de travail avec de la résine polyester en y mélangeant une teinte "ardoise" et une poudre de marbre récupérée du polishage chez un marbrier.

Ce n'était pas une super idée puisqu'au bout de 3 ans, la couche de strat se micro-fissure un peu partout. Je pense y remédier en le refaisant avec un époxy déco pour le carrelage que l'on trouve chez leroy-tintin et autre magasin de brico.

 Étant cuisinier à mes heures perdues, je souhaitais aussi une cuisine très fonctionnelle. Je l'équipe avec un frigo de 120 litres voisin à un petit congel de 45 litres.

Aujourd'hui, il reste les plafonds à faire : ils seront fais en vaigrage, lorsque le pont sera repeint (vu qu'il faut enlever toutes les vis du pont.. )

De l'ancienne cuisine, je n'aurais récupérer que les bacs à vaisselle, la gazinière et le groupe froid du frigo (qui m'aura d'ailleurs donner bien des ennuis pendant les 3 années suivantes...).

Durée des travaux : env 5 mois soirs et WE.

D'autres photos dans l'album à Tribord.. !

Il m'a fallu 15 jours pour vider le bateau de tout ce que les anciens proprios avaient laissé à bord.

Une des premières pièce qui subira mon impatience, c'est la soute (utilisée aussi comme Baille a Mouillage et Atelier). Au bout de 2 heures de vidage acharné, de tout et de rien, je m'apperçois que les 60 mètres de chaine d'ancre rouillé s'entassent derrière des gilets, vieux drapeaux, bouées.. et des dizaines d'autres choses d'époque accumulées au fil des années..

Cette pièce allait m'apporter le premier confort à bord et me delestera des interminables dimanches 'lavomatiques'.. La Soute allait devenir en plus ma buanderie, j'y installe la machine à laver ainsi que les rangements de gilets, voiles et accastillage...

Un apperçu.. la suite à Tribord.

Une fois la soute a nue, la principale difficulté était de trouver une combine pour bien intergrer la machine a laver qui se trouve etre plus imposante que dans une maison.

Puisque ce 'gros cube métallique' allait se loger dans la proue du bateau, j'avais le choix entre ouvrir la coque pour laisser passer les gros coins du bas ou virer la carcasse de la machine et me servir de la coque comme chassis.

Bah sur le coup je preferais la seconde solution...de toutes façons le chassis cubique de celle-ci ne passait ni par la descente, ni par les grands panneaux de pont.

Le reste c'est du gâteau.. bien que j'ai dû mettre 3 mois pour la terminer cette soute !

Le Mangareva est une des rares séries de voiliers "Grand Voyage" de G. Caroff , qui a été réalisé en sandwich polyester/ mousse PVC.

Ce sont des bateaux livrés "coque pontée" à des propriétaires à qui on proposait différents aménagements "typiques" ou "personnalisés".

Selon les plans décidés et les ébénistes choisis, on avait alors des bateaux aux intérieurs très différents en qualité de finition et en agencement.

A l'intérieur d'Espalmador, on y trouvait un carré placé à l'arrière de la coque ; bénéficiant de quelques cm de plus en hauteur qu'à l'avant du bateau (idée privilégiée par G.Caroff), deux cabines à lits superposés à babord et tribord à l'avant.

Au maitre bau : une table à carte placée dans le sens inverse de la marche à babord et une cabine douche/toilette à l'autre bord.

Une cuisine dans la coursive, par laquelle il faut passer pour accéder au carré, puis à la cabine proprio en fin de parcours, encastré dans la coursive, à l'opposé.

J'aimais bien l'idée générale atypique, mais pour y vivre à 2, tout devenait vite incohérent ou peu pratique.

Je me souviens d'un weekend où il m'a fallu 3 jours pour concevoir un nouvel agencement sur papier...

Nombreuses allées et venues, métrages répétitifs, punaises et fils pour délimiter les espaces imaginés ; bref, beaucoup de négociations avec le voilier pour trouver un compromis entre ce que je désirais et ce que la structure, les renforts, les faibles hauteurs sous barraults me permettaient de réellement réaliser.

Je me suis souvent demandé si l'on ne mettait pas plus de temps à la réflexion qu'à la réalisation !

Finalement, j'ai décidé de m'appuyer sur un agencement plus couramment utilisé, comme indiqué sur le plan qui suit.

Il m'aura fallu 8 ans pour acquérir un voilier ; c'est au mois d'Aout 2006 que j'accède enfin à mon projet.

Un Mangaréva dessiné par Gilbert CAROFF, de 12,30 m de long et de 4,14 m au maitre bau, réalisé au chantier de Limay (78) en 1975. 

Après la rencontre avec les anciens propriétaires, la sortie d'essai en mer et la mise à terre étant satisfaisante, j'ai investi les lieux au bout de 15 jours... Pour y vivre et commencer les travaux.

Je suis maintenant le 3ième propriétaire.

Ci dessous quelques photos qui vous feront comprendre tout l'intérêt de ne pas conserver l'intérieur du bateau, tant au niveau déco qu'au niveau de l'agencement ! Il a une allure "construction amateur" style années 70, pourtant mis en place par des ébénistes...D'autres photos dans l'album à Tribord.

Il est certain qu'en 1975 la mode kitch était de rigueur... accompagné du manque de savoir manuel des anciens proprios, je me retrouvais ainsi dans un voilier 'dépouille & raffistolage' ..

Il me tardait de mettre en œuvre mes idées en espérant être à la hauteur d'Espalmador...